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vendredi 20 mai 2016
vendredi 6 mai 2016
Note sur les personnages
« Le jour extraordinaire » est un film presque muet, d’où l’importance d’avoir une structure narrative simple et une galerie de personnages aux caractères et rôles bien définis.
Nous discernons 3 catégories :
> Les personnages clés
Marin, Hélias et les mamies portent un regard différent sur ce voyage. Ils m’ont paru intéressants pour leurs différences et leur richesse de caractère.
> Les villageois
Leur rôle est d’accompagner ces trois protagonistes. Leur personnalité est plus simple, presque caricaturale. Ils ont pour moi « le profil type » des personnages que l’on peut retrouver dans un groupe : le papi alcoolique qu’on aime bien, le vieux grincheux...
> Noura
prétexte du voyage
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Marin
C’est un pêcheur robuste et large d’épaules. Il tire la petite barque funéraire derrière lui et guide les villageois. Les temps forts du voyage vont de pair avec ses émotions : il se laisse submerger pendant
la tempête, happer par les flots, fasciner par l’obscurité des profondeurs abyssales...
Parfois, il subit ces épreuves, d’autres fois il les surmonte.
> Il fait son deuil en rencontrant les méduses
et en laissant partir Noura.
Mamie Bosse et Mamie Meringue
Les mamies sont très présentes dans le film. Elles ont de l’expérience et connaissent les différentes étapes du voyage. Elles aident Marin et les villageois à plusieurs reprises.
Hélias
Son regard est aussi neuf que celui du spectateur. Il découvre avec surprise chaque étape du voyage, et semble toujours un peu décalé : il rit quand il faut s’inquiéter, ne sait pas vraiment piloter son bateau, demande que l’on s’occupe de lui...
> Il va grandir au fur et à mesure de ce périple initiatique.
Noura
On ne découvre Noura qu’à la toute fin. C’est une enfant au visage serein et délicat, avec deux grands yeux fermés en forme de lune et une toute petite bouche presque souriante. Son vêtement bouton d’or semble très lumineux dans l’obscurité. Il s’en dégage une certaine chaleur contrastant
avec le bleu froid de la mer. Tout au long du voyage Noura sème les fleurs qui vont permettre aux villageois de retrouver leur chemin au retour.
jeudi 5 mai 2016
Note d'intention artistique
LE JOUR EXTRAORDINAIRE est un projet de court métrage que j’ai fait évoluer considérablement au fil du temps. Soutenu tout d’abord par le CNC pour son concept puis, pour sa réécriture, le projet est accompagné par Delphine Maury, scénariste et directrice d’écriture et Christian Pfohl producteur
chez Lardux Films. Ensemble, nous avons engagé une réflexion sur les axes et enjeux de l’évolution
du scénario et de la création graphique. Mes histoires abordent souvent des univers liés aux contes, avec de curieux personnages régis par les lois et phénomènes étranges de la nature. Le film que nous vous présentons aujourd’hui fait partie de cet univers. A la différence qu’il aborde un sujet dont je ne parle pas tous les jours en animation : le deuil, à travers un rituel
d’enterrement singulier, imaginaire et poétique.
Note sur l’écriture du film
Dans un premier temps, j’ai tenté de comprendre comment on gère la perte d’une personne au sein d’un village. Puis, j’ai réalisé que (quelque soit la culture) la mort impose avant tout un temps d’arrêt et de recueillement à une communauté : les peuples créent des rites, qui répondent au besoin de se solidariser autour de ceux qui restent, avant de laisser partir l’être cher...de lui dire adieu. C’est ce moment particulier de rassemblement et d’émotion collective qui m’intéresse et que je décide de raconter dans LE JOUR EXTRAORDINAIRE.
L’enjeu de l’écriture était de trouver le bon dosage pour que le rituel soit bien senti : tant au niveau des émotions entre les personnages et de leur évolution au fil du temps, que de la temporalité du rituel. Ainsi, à l’instar de nombreuses cultures, la mort emporte les âmes des défunts dans une barque. Le mort vogue avec d’autres âmes, qui vont veiller sur lui jusqu’à l’autre rive. Dans mon film les villageois traversent des étendues d’eau aussi vastes que périlleuses dans leur coquille de noix, pour accompagner leur mort sur la route définitive qui sera la sienne. Ils font un dernier bout de chemin avec un être qui leur est cher. Le temps de ce voyage est aussi celui de leur deuil.
Mise en scène
L’idée est d’écrire une histoire poétique qui traite avec finesse les différentes relations entre les personnages le jour de cette procession. « La mort n’est qu’un prétexte pour rassembler un village ». Je ne souhaite pas créer une atmosphère religieuse ou pesante, mais aborder ce sujet dur avec délicatesse et légèreté.
C’est la raison pour laquelle je décide de ne pas montrer NOURA au début du film. L’histoire n’est pas celle d’un père qui a perdu sa fille, car je souhaite avant tout parler du deuil, et non de la mort. De plus, j’ai choisi de ne pas m’appesantir sur la peine. Ainsi le voyage comporte de multiples épreuves et temps forts. Ces épreuves sont symboliques des différentes émotions éprouvées lors du deuil : le tourment dans la tempête, l’égarement dans la brume, la peur, le renoncement face au gouffre noir... Quand Marin va laisser partir sa fille, l’instant est plein de tendresse, empli de douceur. Il la serre dans ses bras, enlève les petites fleurs qui se trouvent sur son visage, lui chuchote des mots que l’on n’entend pas. J’ai préféré cela à la mise en scène d’hommes tristes, vêtus de noir.
D’ailleurs la couleur et la lumière sont des éléments importants dans mon film. On retrouve cette couleur dorée au fil du temps : le soleil, le vêtement du défunt, ces petites fleurs qui relient les personnages au village...à la vie. Cette couleur chaude contraste en permanence avec le bleu froid de la mer et permet à Noura d’être lumineuse sous l’eau, comme les méduses. Et puis la lumière : les rues sont gorgées de soleil, les villageois ramassent une poussière d’étoile pour éclairer leur chemin et les méduses éclairent les profondeurs obscures de la mer comme des étoiles dans la nuit. Alors pourquoi prendre le contre-pied du noir, qui représente habituellement la couleur du deuil? Dans de nombreux villages portuaires, mer et trépas sont souvent liés. Selon les cultures, l’idée de passage à un autre monde est une porte ouverte sur la magie et la mort prend parfois une forme animale... Dans LE JOUR EXTRAORDINAIRE les méduses incarnent cette vision poétique et magique de la mort : le choix de la légèreté et de la beauté. Et pour profiter pleinement de cet instant magnifique, nous nous trouvons au fond de l’eau et non parmi les villageois quand nous « rencontrons » les méduses. Afin de nous laisser éblouir par ce feu d’artifice de lumière et envouter par l’élégance de ces être nébuleux et dansants. Dès lors, nous réalisons pourquoi ce jour, est un jour extraordinaire. Ainsi, la mort est vécue comme une renaissance dans les profondeurs obscures de la mer.
Pour moi, les méduses sont des êtres étranges ne qui ne ressemblent àaucun autre et représentent un monde nébuleux, avec lequel nous cohabitons, mais n’interagissons pas. C’est la raison pour laquelle elles dansent légères au fond de l’eau, mais sont indifférentes aux villageois (elles ne vont pas vers eux). Leurs tentacules filaires ondulent derrière elles. On ne peut ni les toucher, ni les dompter et partir avec ce peuple clôt tout contact avec les humains. La mort est vécue comme un départ ultime dans les abîmes de l’océan.
Le son
Les villageois viennent de laisser partir Noura et le son revient. Le clapotis de l’eau, le vent... la vie. Le son des éléments naturels est important dans LE JOUR EXTRAORDINAIRE et les personnages parlent très peu. Car si les différents éléments de la nature reflètent leurs émotions, a-t-on besoin de paroles ? Les personnages communiquent à travers cela. Dans mon récit j’ai choisi de mettre en valeur certains personnages, qui m’ont paru intéressants pour leur différences et le regard qu’ils portent sur le voyage : les mamies qui connaissent déjà ce rituel sont plus fortes et prévenantes que l’enfant qui le découvre. Chacun vivra son deuil à sa manière, seul dans sa petite barque fragile.
Je ne désire pas une musique plus bavarde que mes personnages. Pour le moment mon choix se tourne, de manière symbolique, vers des instruments de “souffle” comme la clarinette ou le haut bois. Pour moi ce sont des instruments chaleureux, qui s’harmonisent bien avec les couleurs chaudes et lumineuses de mon film. Dans une partition légère... presque silencieuse.
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